Lucide

Messages : 16 Date d'inscription : 08/07/2012

La ville se profilait à l'horizon, voilà plusieurs jours qu'il savait où il se dirigeait, mais maintenant il prenait conscience qu'il touchait à son but. Un nouveau départ pour le Sodell. Mais avant tout, il lui fallait trouver un pied à terre, un endroit duquel il pourrait envisager la vie sous un autre angle. Une meute dans laquelle il pourrait s'intégrer. Mais il aurait à faire ses preuves, à n'en pas douter. On intégrait pas une meute à son bon vouloir.. Et lui qui avait pssé une grande partie de son existence seul, en compagnie de la nature, serait trop brut, trop sauvage pour eux..
Il arriva à proximité d'une zone résidentielle, des barres d'immeubles implantées dans le sol. Au centre, un petit square où jouaient des enfants en ce milieu d'après-midi. Criant sur le tourniquet, courant sur la structure en bois, l'ambiance était agréable. Quelques parents étaient assis, conversant pendant que leurs yeux surveillaient leurs petits avec attention...
Par où commencer pour le jeune homme ?

Maître du Jeu Messages : 202 Date d'inscription : 26/08/2007

Un frisson traversa l’échine du jeune homme… Lui qui avait grandi sur un domaine Sodel, disposant d’un large terrain de chasse et d’une maison spacieuse, se retrouvait opprimé par la vue de bâtiments d’un tel aspect. Les appartements qu’ils abritaient ne pouvaient être qu’étroits et l’espace qui s’était formé au centre était en partie bétonné ou ceint de pièces de métal. Il fronça les sourcils devant la manière qu’avait les adultes de laisser leur progéniture manipuler de la sorte une structure métallique tout en y siégeant, ça n’était pas décent à ses yeux. Oh, certes, il avait connu les humains et leurs étranges coutumes, mais depuis quelques temps déjà, il avait voyagé seul. La solitude d’ailleurs, lui pesait.

Trouver une meute n’était jamais facile, tout du moins l’intégrer ne l’était pas. Il fallait faire ses preuves sans pour autant menacer le mâle alpha, et ça n’était pas la moindre des choses, car plus ils étaient robustes et plus ils étaient exigeants. Incommodé par les effluves de la ville, il attendit un instant, tout en avançant droit devant lui à une allure modérée, avant de prendre une grande inspiration, cherchant une odeur animale.

Messages : 16 Date d'inscription : 08/07/2012

Les odeurs de la ville recelaient un certain nombres d'autres odeurs. Derrière les effluves de gaz, de nourriture jetées, de cigarettes et d'autres produits de l'industrialisation, une odeur de félins se détacha, pas suffisamment forte pour être celle d'un Sodel, mais elle pourrait correspondre à celle d'un groupe de chats de gouttières.
Il semblerait aussi que des chiens se trouvent dans les environs, mais il doit s'agir de quelques animaux domestiques.
Rapidement ces odeurs sont supplantées par celle d'un relent d’égouts qui s'échappe d'une bouche dans la chaussée.

Les cris des enfants se faisaient plus forts, l'un d'eux courait avec une petite fille sur son dos. La course du jeune garçon se faisait plus rapide, et il finit pas tomber, causant leur chute à tous les deux. La jeune fille se mit à pleurer et les mères réagirent, couvrant les pleurs de l'enfant de quelques phrases de soulagement..

Maître du Jeu Messages : 202 Date d'inscription : 26/08/2007

La concentration du jeune homme – qui n’en avait pas beaucoup – fut tout d’abord interrompu par une odeur dégoutante avant que ce ne soit le cri d’une petite fille qui l’interpelle. Il observa un instant, immobile et silencieux, le traitement de roi dont disposait l’enfant. Ça n’était pas là une chose à laquelle il était habituée, en tant que Sodel, on avait davantage le droit à des réprimandes qu’à une consolation lorsqu’on se plaignait pour rien. Certes, un enfant Sodel qui était vraiment blessé susciterait la pitié de ses pairs, mais pas une égratignure comme celle-ci. Il secoua bientôt la tête, lui-même avait toujours était trop sensible aux yeux de sa mère, raison pour laquelle il avait quitté le domaine une fois que ses capacités avaient commencé à se développer.

Des chats… Voilà qui ne lui plaisait guerre, ces félins n’avaient pas la mentalité de la meute, ils étaient solitaires quand bien même ils vivaient en groupe. Ça ne lui plaisait pas, cette absence de structure lui était même, d’une certaine manière, insupportable. Il aurait sans doute du mal à obtenir d’eux quelque information que ce soit, étant sans doute incapable de s’imposer à eux comme il aurait pu le faire face à un canidé. Non, il fallait avancer, entrer plus profondément dans cet amas de béton – bien qu’il douta que des membres de son espèce n’aillent vivre dans un espace aussi pestilentielle que celui-ci.

Messages : 16 Date d'inscription : 08/07/2012

Les cris de l'enfant disparurent derrière Lucide. Les blocs de bétons se prolongèrent pendant plusieurs centaines de mètres, et le garçon arriva à un coin de verdure de la ville, un parc, qui semblait par la suite se poursuivre sur un centre-ville regorgeant d'activité.
L'air devint respirable, il y avait des coureurs, des marcheurs, des mères avec des poussettes, et quelques hommes promenant leur chien..

Maître du Jeu Messages : 202 Date d'inscription : 26/08/2007

Les mâchoires du jeune homme se serrèrent. Comme il le craignait, la ville disposait d’une fourrière efficace, il n’y avait pas de meutes de chien errant. Il en avait pourtant trouvé, une ou deux, alors qu’il traversait des lieux plus ruraux, mais les bêtes étaient tout de même à moitié domestiquées, nourries par des paysans bienveillant. Le dernier "véritable" prédateur auquel il ait eu à faire était un renard, et ça n’avait pas vraiment était la meilleure des aides. La solitude le rattrapa plus vite qu’il ne l’aurait cru possible. Il n’était tout simplement pas préparé au monde, il avait grandi comme un paria au sein d’un univers Sodel. Certes, la loi sur la Mixité l’avait amené à entrer dans une scolarité humaine, mais il l’avait quitté quatre ans plus tôt, à l’âge légal, et n’avait depuis rien fait de bon dans sa vie. Rejeté par ses proches, incapable de comprendre les humains, il avait senti le poids de cette solitude tout au long de sa vie mais l’avait oublié le temps d’un voyage que la découverte de ses capacités de Sodel lui avait permis de voir sous les meilleurs augures possibles.

Manger, voilà ce qui lui restait à faire, maintenant qu’il se trouvait face à une impasse. Il regarda autour de lui puis finalement se dit qu’il valait mieux faire appel à la civilisation… Ça lui faisait regretter le gibier qu’on servait dans la bâtisse où il avait grandi, certes il n’avait jamais que les restes, mais c’était tout de même meilleur que ce qu’il pouvait acheter par là. Un kebab ferait l’affaire, si tant est qu’il n’y perdait pas trop d’argent.

Messages : 16 Date d'inscription : 08/07/2012

Pas très difficile de trouver un établissement proposant un kebab dans la ville, elle possédait son lot de fast-food et de restaurants de grande distribution. Lucide put en trouver un qui avait l'air 'sympathique' et plutôt bien entretenu. A l'intérieur, une bouffée de chaleur, la grill se trouvant près de l'entrée, il put aussi sentir immédiatement l'odeur de la viande recomposée qui chauffait dessus.
Derrière le comptoir, trois hommes en tablier. Un avait l'air de gérer les clients, les deux autres s'occupant de la nourriture.
Lucide put se mettre dans la file, derrière un groupe de quatre jeunes hommes qui parlaient bruyamment. L'un d'eux évoqua à haute voix ses exploits sexuels avec sa copine, preuves à l'appui, tandis que les autres rigolaient bêtement à ses remarques.
Après quelques minutes, l'homme à l'accueil héla Lucide.
"Hé bonjour. Aloooreuh, qu'est ce qué yé peux té servir l'ami ?"

Au dessus de sa tête, une affiche avec les plats proposés ainsi que les prix, tournant à peu près tous autour de 4,50€

Maître du Jeu Messages : 202 Date d'inscription : 26/08/2007

Le jeune homme fut à moitié surpris par l’accent du vendeur, et, contrairement à toute personne à peu près sociable, manqua de le masquer. On pouvait le dire, lorsqu’il s’agissait de rapports humains, Lucide ne portait pas bien son nom ! Il répondit bientôt tout en jetant un coup d’œil dans le portefeuille simpliste qu’il venait de sortir de sa poche : "Un kebab et une bouteille d’eau." Pas de bonjour, pas de s’il vous plait, rien de tout ça. Mais étrangement, il n’avait pas l’air mauvais bougre pour autant, on ne voyait que trop sur son visage le manque d’habileté qu’il avait pour ce genre de choses. Ça n’était pas de la mauvaise volonté, il ne pensait tout simplement pas à agrémenter son discours avec ce genre de marques de politesse. À vrai dire, au sein d’une meute de Sodel, il n’y avait pas besoin de ce genre d’artifices, on avait ce à quoi on avait le droit. Il n’y avait pas de "s’il vous plait" puisque si on était dominant, on prenait, et si on ne l’était pas, on se taisait. Il n’y avait pas non plus de "merci" puisque ce qu’on obtenait des dominants n’était pas donné, c’était simplement laissé à portée de main.

Messages : 16 Date d'inscription : 08/07/2012

Le vendeur lui jeta un regard avant de s'adresser en turc à ses camarades, l'un d'eux s'anima et commença à retirer des morceaux de viande de celle qui rôtissait. Le vendeur s'adresse à Lucide :
"Ti veux la formoule complète ? Salade é tomaate é oignon ?"
Pendant ce temps là, les quatre garçons avaient été servis et s'étaient installés à table, continuant de faire autant de bruit. Une télé était accrochée dans l'angle de la pièce, diffusant des clips bruyants avec un grand nombre de bimbos dénudées.
"Ca féra 4,00€ s'il tou plait" dit-il avec son accent presque exagéré.
Il restait quelques places à l'écart, ou alors directement à côté des garçons. Des clients entraient et sortaient du kébab de façon irrégulière, et dehors, l'activité ne diminuait pas.

Maître du Jeu Messages : 202 Date d'inscription : 26/08/2007

Le Sodel hocha la tête vivement alors qu’on lui proposait des légumes. Il avait beau être habitué à un régime plutôt carnivore – ce qui n’avait rien pour lui déplaire – il n’en était pas moins omnivore, et son système digestif aussi bien que ses papilles gustatives s’accommodaient des condiments qu’on lui proposait. Il se rendit bien vite compte qu’il avait plus faim qu’il ne l’avait pensé dans un premier temps. Depuis combien de temps n’avait-il pas mangé ? Il n’était pas certain, ça n’avait pas occupé son esprit durant ces derniers jours, peut-être pas depuis la veille. L’argent, pourtant, n’allait pas en croissant, sans doute faudrait-il qu’il trouve un moyen de s’en faire. Il paya à l’aide de quelques pièces, toujours aussi tacite bien qu’on puisse voir dans son attitude une certaine reconnaissance – quand bien même il avait payé, on lui "donnait" de la nourriture. Lorsqu’il fut en possession du kebab, il alla s’installer un peu à l’écart. Il n’était pas particulièrement "territorial", n’ayant jamais été responsable de ce genre de chose. Il aurait fallu qu’il fasse partie d’une meute pour ça. Il ne voulait pas s’imposer, n’était pas assez agressif. Sans doute ce qui lui avait valu cette réputation de "chétif".